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madame-al
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Mar 16 Jan - 21:24
Les temps sont durs depuis la mort d’Aaron, vivre de la pension ne suffit plus et tu le sais. T’as beau faire attention à tes dépenses, ton compte en banque sera négatif avant la fin du mois. Un soupir s’échappe de tes lèvres. Travailler... Le mot résonne en toi comme un grondement sourd. Impossible de continuer ainsi, tu le sais, mais l'idée de travailler te répugne toujours autant. Tu n’as aucune qualification et tu refuses de te salir les mains, comme si la pureté fragile de ton âme était la dernière chose qui te restait. Le monde du travail, avec ses horaires rigides et ses responsabilités écrasantes très peu pour toi. la réalité est pourtant là : trois bouches attendent, trois petits êtres innocents dépendent de toi. Née dans la mauvaise famille, tu as toujours eu la conviction que ton berceau aurait dû être doré, entouré de luxe et de privilèges. Princesse déchue, héritière méconnue ou encore descendante d'une lignée royale oubliée, tu cultives l’idée qu'une erreur s'est produite lors de ta naissance. Dans tes rêves les plus secrets, tu te vois virevolter dans des soirées mondaines, vêtue de robes somptueuses. Tu n’as clairement pas la vie que tu mérites. Ton regard se pose sur le tas de factures qui s’accumule sans fin. Ton cœur se serre devant l'injustice de cette réalité. Aaron aurait su quoi faire. Aaron... Son nom résonne dans ton esprit tel un écho lointain. Il aurait été ton phare dans cette obscurité, déjà deux ans qu’il n’est plus là. Tu te retrouves seule, errant comme une âme perdue, cherchant désespérément un sens à cette vie qui te semble échapper à tout contrôle.

Tu profites de l’absence des enfants pour remettre un peu d’ordre dans votre maison, épluche quelques annonces dans le journal qui peuvent t’être favorable et trouve même le temps de chatter sur une application de rencontre. Dans cette parenthèse fugace, tu espères trouver un écho, un regard bienveillant qui saura apaiser ces frustrations qui te rongent. Tu veux avancer et t'éloigner de l'ombre lancinante d'Aaron qui plane sur toi. tu veux aussi chasser Casey de ta vie une bonne fois pour toute. Mais il est là, incrusté dans ton esprit comme une épine qui pique à chaque mouvement. Tu te maudis de ne pas pouvoir te défaire de lui. Il est marié, et son cœur appartient à une autre, tandis que le tien semble s'être égaré à des désirs interdits. Mais il est là, Casey, toujours là, il t'obsède. Tandis que tu rafraîchis les fleurs de ton rosier, il surgit soudain comme par enchantement . Le destin aime jouer avec tes émotions, tu pourrais croire que l’univers lui-même conspire pour te torturer. Ton cœur s'emballe, tes mains tremblent malgré que tu veuilles te protéger en gardant une distance salutaire. Cela fait bien deux ou trois mois que vous ne vous êtes pas vus, que tu ignores volontairement ses messages pour garder tes émotions sous contrôle. Ton silence est long, lourd. Tu laisses tomber tes gants de jardinage au sol, tandis que le soleil tape trop fort au-dessus de vos têtes. Ton accueil est hostile, comme à chaque fois que tu le vois pour te prémunir de cette attirance qui menace de tout emporter sur son passage. Mais au fond de toi, malgré cette façade froide, tu es plutôt heureuse de le voir, tu dois probablement lui manquer aussi. Enfin tu penses. Tu crois… tu aimerais. Tu te débats entre ce que tu veux réellement et ce que tu devrais vouloir. Tu luttes comme tu peux fasse aux tentations grandissantes. Il s'embellit de jour en jour, et tu ne peux t'empêcher de le remarquer : « Qu’est-ce que tu fous là ? T’as pas une femme à entretenir ? » sont les premiers mots qui traversent finalement tes lèvres, chargés d'une colère contenue. Tu voudrais lui crier de partir, de s'éloigner de toi. Tu « Elle est là d’ailleurs, Livia ? » Son nom t'écorche presque la bouche, comme un poison amer qui te brûle les lèvres. Tu cherches des yeux cette sorcière, rivalité invisible qui te dévore de jalousie. Tu la détestes. « Les enfants ne sont pas là… » tu lâches d'un ton acerbe, parce que tu supposes qu'il est venu pour eux. Depuis la mort d'Aaron, il se sent responsable de vous. Mais cela ne t’arrange pas et sa présence s’ajoute à ta frustration. Tu préférerais qu'il s'éloigne, qu'il cesse de s'immiscer dans vos vies une bonne fois pour toute. Sa présence ravive les souvenirs d'Aaron, comme une plaie qui ne cicatrise pas. Tu te retiens de lui crier toute la douleur que tu ressens. Au lieu, tu le repousses de toutes tes forces, car il représente cette tentation dangereuse qui te hante et te fragilise. Tu voudrais le haïr lui aussi, mais quelque chose en toi vacille. Tu soupires une nouvelle fois, lève les yeux vers le soleil qui tape et lui propose finalement : « J’ai fait la citronnade… et maintenant que t’es là, tu pourrais en profiter pour jeter un coup d’œil à la machine à laver, elle fait un bruit bizarre. »
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Mar 16 Jan - 21:25
casey

Les journées défilent à une allure folle. Il ne voit pas le temps passer. Il ne voit pas les jours qui s’accumulent sans qu’il n’ait été se rendre sur la tombe d’Aaron. Il avait pour habitude d’y aller une fois par semaine. Par envie, par culpabilité ou parce qu’il était le frère qu’il n’avait jamais eu. Il avait trahi ce frère. Son meilleur ami. Le seul qui le connaissait bien mieux qu’il ne se connaissait lui-même. Il lui manquait atrocement. Pourtant cela faisait bientôt un mois qu’il n’avait pas mis un pied au cimetière. Le temps guérit les blessures, parait-il. Casey n’était vraiment en accord avec ces propos. Mais le fait est que plus le temps passait, moins il prenait de temps pour cet homme qui lui avait pourtant offert une véritable famille au moment où il en avait le plus besoin. Ses journées étaient bien remplies. Trop sûrement. Il avait quitté l’armée mais refusait de prendre du temps pour lui, pour se reposer ou pour tout simplement ne rien faire. Il n’en avait pas envie. Parce que rien faire ou se reposer étaient synonymes de réflexion. Et Casey ne voulait pas réfléchir. Il ne voulait pas revoir les images de son ami, perdant la vie sous ses yeux. Il ne voulait pas revoir son visage, sa main serrant son bras, lui énonçant ses derniers mots. Ils étaient tournés vers sa femme et ses enfants. Casey avait fait une promesse ce jour-là et ses propres mots inlassablement tournaient dans son esprit comme un vieux disque rayé. Il devait faire en sorte qu’Adriana et les enfants ne manquent de rien. II s’y était engagé et n’avait cessé d’honorer sa parole depuis. Par fraternité ou par culpabilité, il était toujours là pour eux, acceptait la moindre requête d’Adriana et faisait en sorte qu’ils ne manquent pas de ressources. Il remplissait les poches de l’aîné de l’argent qu’il pouvait se faire dans son nouveau métier. De militaire aguerri, il était devenu argent de sécurité privée. Et cela payait convenablement. Assez, tout au moins pour qu’il partage ce qu’il avait avec cette famille endeuillée. Ce nouveau travail remplissait une partie de ses journées. L’autre était faite de ces interventions en tant que membre de la SDMRT, une équipe d’assistance dans laquelle il était bénévole. Il se rachetait une conduite ou cherchait à éviter de penser. Éviter de s’arrêter ou éviter Livia. Il ne savait plus très bien ce qu’il cherchait puisqu’il n’avait plus le temps de songer à quoi que ce soit. Perdu dans un quotidien à mille à l’heure, Casey ne savait plus très bien où il en était, mais il n’était pas encore prêt à y songer. Après une nuit chargée, où il avait, avec la SDMRT, aidé à sortir un gamin d’un effondrement d’une vieille bâtisse, il se rend chez Adriana. Pour vérifier que tout allait bien. Que les enfants et la jolie veuve ne manquaient de rien. Épuisé mais encore debout, Casey marche machinalement jusqu’à la demeure familiale qui lui rappelait à chaque reprise qu’il s’y rendait, son défunt ami. Ami qu’il a trahi. Honteusement trahi. Adriana est là. Dans le jardin. Le cœur de l’ancien militaire se met à battre plus vite. Il se maudit intérieurement de ressentir autant de sentiments contradictoires lorsqu’elle est dans les parages. Il aimerait insulter cet esprit qui le tourmente depuis bien trop longtemps. Mais cela faisait un moment qu’ils ne s’étaient pas vu. Il passait la plupart du temps par Danny pour avoir de ses nouvelles ou pour leur donner un peu d’argent. Mais il était grand temps que les choses rentrent dans l’ordre, ou tout au moins, dans la mesure du possible. Il s’arrête au bout du chemin, sans s’approcher, cherchant peut-être à savoir s’il avait le droit ou non de s’approcher d’elle. De réduire ce fossé qui s’était creusé entre eux. Ces derniers temps, elle mettait un point d’honneur à l’ignorer. Et cela était incompatible avec la promesse qu’il avait faite à Aaron. Elle n’a pas l’air contente de le voir. Ça se voit. Casey reste pour autant planté là, à quelques mètres d’elle. Il n’allait pas accepter qu’elle le repousse encore une fois. Pas aujourd’hui. « Qu’est-ce que tu fous là ? T’as pas une femme à entretenir ? » Un léger rire s’échappe d’entre les lèvres du jeune homme, accoutumé des railleries incessantes de la blonde. Il met les mains dans ses poches et hausse les épaules avec une certaine nonchalance. « Livia est une grande fille, elle sait s’entretenir toute seule. Pas comme certaine. » Un clin d’œil provocateur s’illustre sur un visage presque amusé. C’était toujours ainsi autrefois. Entre Casey et Adriana. Ils se piquaient à vif l’un et l’autre. Qui aime bien châtie bien, parait-il. Casey et Adriana s’aimaient beaucoup au fond. Bien trop d’ailleurs. Là était tout le problème. « Mais bonjour Adriana, ravi de te voir aussi. Tu as bonne mine ! » C’était faux. Elle avait une mine affreuse. L’inquiétude devait la ronger. Casey le savait. Il connaissait Adriana depuis des années maintenant. Et il s’était bien trop adonné à son observation clandestine autrefois pour connaître lorsque quelque chose n’allait pas. « Elle est là d’ailleurs, Livia ? » Casey soupire. Décidément, elle n’était tournée vers un seul et unique sujet. Il arque les sourcils. « Tu vois bien que je suis venu seul. Et sans arme. » Plaisanterie douteuse, Casey en était le maître. Mais Adriana et Casey avaient tellement l’habitude de se battre et de se chamailler qu’il essayait simplement de lui montrer qu’il était venu en paix. Comme à chaque fois ces derniers temps en réalité. Mais elle n’était de toute évidence pas toujours dans de bonnes conditions. Rarement. Jamais. « Les enfants ne sont pas là… » L’agressivité de la jeune femme lui lacère le visage. Il encaisse. Il est habitué. « Ça tombe bien, c’est toi que je suis venu voir. » La dernière fois qu’il avait prononcé ces mots, ils s’étaient retrouvés complètement nus dans l’arrière cuisine de la demeure familiale. Pour autant, il s’était juré de ne plus jamais penser à ce jour. De l’oublier. De le bannir de sa mémoire. Il se voilait la face, bien évidement. Il en était incapable. Mais pour l’heure, cela tenait. Même si cela était fragile, très fragile. Il s’avance un peu vers elle, s’affranchissant de son autorisation. « J’ai fait la citronnade… et maintenant que t’es là, tu pourrais en profiter pour jeter un coup d’œil à la machine à laver, elle fait un bruit bizarre. » Adriana semble enfin baisser sa garde. Il sait que c’est le cas, malgré le fait qu’en apparence, elle se serve de lui pour réparer la moindre anomalie domestique. Il hoche la tête, acceptant. Comme d’habitude. « Ok, je vais regarder ça. » Grâce à Adriana, il était devenu un véritable expert de l’électroménager. C’était le seul moyen d’entrer dans sa vie et de s’assurer qu’elle et les enfants allaient bien. Il la suit jusque dans la cuisine. « Et sinon, vous faites quoi ce weekend ? J’aimerais bien emmener les enfants faire du kart. Tu pourrais en profiter pour prendre du temps pour toi, enfin faire ce que tu veux quoi. » S’il se perd un peu dans ses mots, l’idée est là. Il veut la délester quelques heures pour qu’elle puisse respirer. Plongeant sa main droite dans la poche de son jean, il se rappelle de l’une des raisons pour lesquelles il était venu. « Pour la rentrée scolaire. » Il lui tend quelques billets. Plus qu’il n’en fallait mais pas trop non plus. Il ne fallait pas l’effrayer. « Je devais au moins 5000 dollars à Aaron pour tous les verres qu’il m’a payé. » Petit mensonge qui flirtait pourtant un peu avec la vérité, il cherchait une excuse pour l’aider, pour lui filer un peu d’argent, se rappelant des mots de Danny sur la situation quelque peu compliquée financièrement parlant de la famille.
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Mar 16 Jan - 21:25
Danny est un petit garçon sensible et intelligent. Depuis la mort de son père il s’est astreint de responsabilités que tu ne lui as pourtant jamais demandé. Les charges qu'il assume dépassent les limites de son âge, tandis qu’un fardeau invisible pèse sur ses épaules innocentes. Le rôle qui lui a été attribué est bien au-delà de ce que quiconque pourrait attendre d'un enfant. Il se dresse en pilier solide pour ses petites sœurs avec la douceur d'un ange gardien, s'engage vaillamment dans des tâches qui devraient rester étrangères pour un gamin de sept ans. L’homme de la maison dévoué à soulager les fardeaux qui menacent de vous engloutir. Tu as l’impression parfois qu’il passe à côté de son enfance. Ses sourires, bien que sincères, semblent parfois masquer un tas de préoccupations dont il n’est pas tenu. La maturité précoce qu'il arbore trahit une compréhension profonde des fissures dans l'armure que tu t'efforces de porter. La culpabilité te ronge, car tu sens que tu as failli à ton rôle de mère. Aaron, lui, aurait probablement su quoi faire. Sa disparition a laissé un vide abyssal, comme si une part de toi avait été arrachée. Il savait t’indiquer la voie à suivre. Il était ton pilier au milieu du chao. Et maintenant qu’il n’est plus là, tu as l’impression que tout autour de toi menace de s’effondrer. Son absence laisse un trou que tu n’arrives pas à refermer. C'est comme si le monde avait perdu sa mélodie. Il te manque terriblement. Malgré que Casey s'efforce de colmater les brèches béantes, ta vie ressemble à un gruyère, parsemée de vides béants qui défient toute tentative de comble. Une promesse. Une stupide promesse qu’il s’efforce de tenir malgré que tu l’en ais affranchi depuis longtemps. Un pacte forgé dans un moment d’agonie. Rien qui ne l’oblige à veiller sur vous comme il continue de le faire. Tu ne veux pas de Casey. En tout cas pas de cette façon. La première fois que tu l’as vu, ce fut le coup de foudre. Malheureusement pour vous, le destin jouait en votre défaveur. Concours de circonstances puisqu’il célébrait le même soir son enterrement de vie de garçon. À ses côtés, Aaron, son garçon d'honneur, réservé, presque effacé, le genre d'âme qu'on découvre au fil du temps, pas au premier coup d'œil. En désespoir de cause, c'est sur lui que tu t'es tournée, incapable d'anticiper l'avenir qui allait se dévoiler pour vous : un mariage qui scellerait vos vies et des enfants qui illumineraient vos jours. Et dans cet élan, tu as appris à l’aimer. Il est devenu l'époux modèle, le père exemplaire dans cette famille où l'amour et la bienveillance étaient les fondements de votre foyer. Tout ce que ton propre père n’a pas su être pour ton frère et toi. Tu avais cinq ans lorsqu’il est parti, laissant derrière lui un abîme d'absence et d'interrogations qui n’ont jamais trouvé de réponses. Ton enfance, tu n’en parles jamais, une période de ta vie qui a laissé dans son sillage des stigmates indélébiles. Avec ton frère, vous vous êtes retrouvés livrés à vous-mêmes trop tôt. Ignorés par le système qui préférait détourner le regard de vos âmes abandonnées. Le temps a tracé son chemin, tu as tout fait pour préserver tes enfants des sombres abysses où tu as autrefois erré. Et dans les heures silencieuses de la nuit, tu as cette crainte qui te murmure que tout pourrait disparaître à nouveau. Ça te ronge de l’intérieur. « Livia est une grande fille, elle sait s’entretenir toute seule. Pas comme certaine. » Tu accompagnes sa vanne de mauvais goût par un rire jaune. Il touche une corde sensible, ses mots taquins son le miroir d'une réalité qui te dévore. Un clin d'œil malicieux ajoute un venin subtil à cette guerre de mots. C’est que tu pourrais lui crever les yeux avec ton sécateur. L'image qui se forme dans ton esprit est violente, presque sauvage. Heureusement pour lui, ou pour toi, la petite voix douce dans ton esprit te susurre que la colère ne résoudra rien et que tu vaux mieux que ça. « Mais bonjour Adriana, ravi de te voir aussi. Tu as bonne mine ! » tu ne prends même pas la peine de répondre à son bonjour. Vous avez franchi les frontières du formel, qu’est-ce qu’un bonjour s’il n’est pas sincèrement pensé. Tes lèvres se retroussent en une esquisse cynique, une réponse muette à son ironie cruelle. Tu n’as pas bonne mine, tu le sais bien. Menteur ! Tu refuses de jouer de rentrer dans son jeu, il gagnerait à coup sur. C’est un jeu pour les idiots, fait sur mesure pour l’ancien militaire. Ton esprit à cet instant est trop occupé à penser à son épouse. Foutue femme que tu n’as jamais su porter dans ton cœur. Trop gentille, trop jolie, trop intelligente, trop parfaite, trop Trop…. Le genre à foutre des complexes aux autres, excellent dans presque tous les domaines. « Tu vois bien que je suis venu seul. Et sans arme. » cela reste à prouver. Drapeau blanc hissé de son côté, t’accepte finalement de baisser les tiennes, tentant une nouvelle fois de te débarrasser de lui pensant qu’il était là pour les enfants. « Ça tombe bien, c’est toi que je suis venu voir. » tu n’aimes pas cette phrase, elle n’annonce jamais rien de bon. C'est une phrase qui réveille un frisson dans ton être, une méfiance instinctive envers les conséquences qui pourraient en découler. Ton visage reste impassible, tandis que tu l’invites à rentrer. Cette fois c’est la machine qui fait des siennes, tu ne trouves que ces prétextes pour le laisser faire un pas vers toi. « Et sinon, vous faites quoi ce weekend ? J’aimerais bien emmener les enfants faire du kart. Tu pourrais en profiter pour prendre du temps pour toi, enfin faire ce que tu veux quoi. » proposition étrange qui soulève un sourcil de perplexité sur ton visage. Tes enfants sont bien trop jeunes pour faire du kart. Danny est à peine capable de saisir un volant, encore moins de manœuvrer un kart. « Oui, puis vous pourriez aller au casino et finir dans un bar de striptease pour bien terminer le week-end. » façon subtile de souligner l'absurdité de sa suggestion et de le faire sentir encore plus ridicule qu'il ne l'est. Le sourire qui danse sur tes lèvres est moqueur. Tu poses tes coudes sur le plan de travail de ta cuisine, alors que ton regard se plante dans le sien. « Merci… mais non merci. J’ai pas besoin de prendre du temps pour moi. » tu pourrais presque te vexer qu’il n’ait pas songer à t’inviter. T’as beau passé ton temps à le repousser, l’inverse n’est pas acceptable. cette brève lueur de vexation est rapidement étouffée par ta volonté de ne pas montrer de faiblesse. Aussitôt tu resserres ton masque d'indifférence, tu as choisi de maintenir cette distance pour une bonne raison. Il n'est pas question de montrer la moindre vulnérabilité. Il profite de l’instant pour te tendre une liasse de billet. Argent que tu acceptes par nécessité mettant de côté ta fierté. La réalité l'emporte sur l'orgueil. Les billets passent de ses mains aux tiennes comme une transaction silencieuse. Par galanterie, il tente néanmoins de faire passer sa générosité pour une dette imaginaire : « Je devais au moins 5000 dollars à Aaron pour tous les verres qu’il m’a payé. » Tu choisis de jouer le jeu, de sourire en réponse à son mensonge bien intentionné. Seul sourire que tu lui offres réellement depuis son arrivée, tandis que tu lui serres un verre de ta rafraîchissante limonade. « Je te les rendrais… » quand, comment ? Tu n’en sais trop rien. La promesse de le rembourser reste pour toi le seul compromis entre ta dignité et la réalité de ta situation. Alors que tu veillais jusqu’ici à maintenir une certaine distance entre vous, soudainement, tu l'enlaces avant d'éclater en sanglot. Tout ceci est au dessus de tes forces.
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Mar 16 Jan - 21:25
casey

Casey avait fait une promesse. Il avait fait la promesse auprès d’Aaron de toujours veiller sur Adriana et sur ses enfants. C’était une promesse qu’il tiendrait. Contre vents et marées. Il le savait pertinemment. Même si parfois, il en avait assez de s’occuper d’enfants, même si parfois, il n’avait plus envie de voir ce visage qui le troublait bien plus qu’il ne voulait bien l’admettre. Même si parfois, il avait envie de s’éloigner d’elle le plus possible et de remettre un peu d’ordre dans son mariage et plus généralement dans sa vie. Mais il tenait cette promesse et s’y tiendrait probablement toute sa vie. Parce qu’Aaron était son frère. Celui qu’il n’avait jamais eu. Parce qu’Aaron avait un bon cœur, qu’il ne méritait pas ce qu’il lui avait fait et qu’il l’aimait profondément, comme on pouvait aimer, dans une famille fonctionnelle -c’est-à-dire, pas la sienne- un père, une mère, un frère ou une sœur. Aaron l’avait sauvé d’un destin funeste, il le savait. Et c’est pour cela qu’il tiendrait cette promesse. Et peut-être pour une autre raison. Peut-être parce qu’au fur et à mesure des années, quelque chose c’était encré en lui lorsqu’il s’agissait d’Adriana. Elle était pourtant, tout ce que Livia n’était pas. La femme avec laquelle il s’était marié. Elle était égocentrique, piquante, acerbe, jalouse et superficielle. Mais elle le comprenait. Ils venaient tous les deux du même monde. Et lors des dîners, lorsque certains sujets étaient abordés, notamment celui de la famille, ils étaient les seuls à comprendre ce que cela pouvait dire de ne pas en avoir. De leur avoir tourné le dos et de les détester bien plus qu’ils ne seraient en capacité de les aimer. Ils se comprenaient lorsque les difficultés financières venaient sur le tapis, lorsqu’il était question de se battre pour s’en sortir et pour bien d’autres choses. Il y avait une véritable connexion entre ces deux-là depuis toujours. Et pourtant. Pourtant ils ne cessaient depuis le premier jour d’accumuler les railleries l’un envers l’autre, laissant croire au monde entier qu’ils ne s’appréciaient pas, quand la réalité était bien différente. Ils s’appréciaient. Bien plus qu’ils ne le devaient d’ailleurs. Et ce jeu, entre eux était devenu un plaisir coupable. Plus encore coupable aujourd’hui qu’il était baigné du souvenir d’Aaron et de la culpabilité du fruit défendu. Qu’est-ce qu’il devait le haïr aujourd’hui, Aaron, en apprenant qu’il avait pris du bon temps avec sa femme. Cette pensée lui transperce l’estomac. Il ne voulait pas blesser Aaron. Pas même encore aujourd’hui qu’il n’était plus. Mais c’était si fort cet aimant qui l’attirait inlassablement vers elle. Il tentait de lutter aujourd’hui, enterrant profondément cet instant de faiblesse et le passant sous silence. Il luttait, encore et encore. Reprenant leurs vieilles habitudes et préférant montrer de la moquerie et de la haine plutôt que la vérité. Il la blesse parfois, il le sait. C’est un mécanisme de défense. Mais elle le sait, parce qu’elle pratique exactement le même. Ils ne cessaient de se blesser l’un et l’autre pour se repousser avant de revenir l’un vers l’autre. Parce qu’il n’était pas question d’être trop loin de l’autre. Parce que c’était trop dur. Parce qu’il y avait cette promesse. Et peut-être autre chose de plus profond. Les choses s’apaisent entre eux. Il hisse le drapeau blanc. Elle baisse les armes. Ils cessent les railleries ridicules et il la suit dans cette cuisine qu’il ne connait que trop bien. Il connait cette maison par cœur en réalité, pour y avoir passé bien trop de temps à l’époque. Lorsqu’ils regardaient les matchs de soccer, de football ou même de basket avec Aaron et leurs autres frères d’armes ; lorsqu’il dormait sur le canapé après une soirée trop arrosée, dans un bien trop sale état pour affronter Livia, ou lorsqu’ils organisaient des dîners tous ensemble. Ce que cette période lui manquait. Ce qu’Aaron lui manquait. Il le revoyait, dans les yeux de Danny, son fils. Casey était naturellement le parrain de cet enfant et avait pris son rôle à cœur. Il emmenait le gamin partout depuis sa naissance. C’est pourquoi il songea judicieux de proposer à Adriana de l’embarquer pour une journée karting avec ses sœurs. Il n’avait pas d’enfant et n’avait pas eu d’enfance. Si bien qu’il ne se rendait pas vraiment compte du danger que cela pouvait représenter pour un enfant de sept ans. Pire encore pour les deux petites dernières, encore plus jeunes. « Oui, puis vous pourriez aller au casino et finir dans un bar de striptease pour bien terminer le week-end. » Un instant, il se sent idiot. Car attaqué sur son incapacité à s’occuper convenablement d’un enfant. Il savait qu’il ferait un piètre père, mais peut-être pas autant. Bien sûr, il ne le montre pas. Il hausse les épaules et arbore cette nonchalance ordinaire. Celle dont lui seul avait le secret. « A son âge, j’avais déjà vu bien pire. » C’était un fait. Son père en train de se prendre une ligne de coke, son père menaçant d’un flingue pointé vers sa mère et lui … Entre autres. « Plus sérieusement, je pourrais les emmener au parc ou au zoo ou je ne sais où, où les gosses ont envie d’aller, peu importe. » Le sourire qu’elle arbore l’agace. Parce qu’il sait qu’elle va retrouver toute son assurance et lui balancer une autre raillerie qui lui rappellerait qu’il n’avait pas vraiment de droit sur ces enfants. « Merci… mais non merci. Je n’ai pas besoin de prendre du temps pour moi. » Il ne peut s’empêcher de laisser échapper un rire moqueur. C’était reparti. Ce jeu insupportable entre eux. « T’es sûr ? » Il l’interroge, taquin, comme pour lui faire comprendre que son apparence traduisait de toute évidence un besoin cruel de penser à elle. En commençant par se coiffer convenablement. « Après, tu peux aussi venir si tu ne me fais pas confiance. » Il hausse de nouveau les épaules. Ce n’était pas la première fois qu’il s’occupait de Danny. Il passait d’ailleurs beaucoup de temps avec cet enfant. Encore plus ces derniers mois. Tant qu’il n’était pas rare qu’on le pense être le père de l’enfant. Comme à son habitude, Casey tend quelques billets à Adriana. Comme il le fait très souvent ces derniers temps. S’il passe d’ordinaire par le manteau de Danny, cette fois-ci, il le fait à découvert. Parce que c’est plus simple. Elle les prend. Et il ne compte pas faire de plaisanterie sur le sujet. Parce que ce n’était pas nécessaire au fond. « Je te les rendrais… ». Il hausse de nouveau les épaules. Il savait qu’elle ne lui rendrait pas. Il ne le faisait pas pour qu’elle le lui rende d’ailleurs. Il le faisait pour l’aider. Seulement l’aider. Il baisse le regard alors qu’un silence s’installe. Il se perd dans ses pensées. Celles d’un passé lointain, celles de moments heureux aujourd’hui révolus. Il n’a pas le temps de relever la tête qu’elle est là, tout près de lui. Qu’elle est là et se blottit contre lui, cherchant un réconfort qu’il lui donne bien entendu immédiatement. Il resserre son étreinte autour d’elle, la protégeant de cette peine qu’il ne pouvait malheureusement pas lui retirer. « A moi aussi il me manque tu sais. » Ses doigts s’entremêlent dans les cheveux de la jeune femme. Il n’avait pas de mots magiques. Lui-même ne savait pas comment encaisser cette absence. Mais il se devait d’essayer. Parce qu’il n’aimait pas la voir ainsi et qu’il avait fait une promesse… Il desserre alors doucement l’étreinte et dépose ses deux mains de part et d’autre du visage sanglotant de la jeune femme. « Il ne voudrait pas te voir comme ça. Il ne voudrait pas te voir baisser les bras. Au moins pour les enfants. » Doucement son pouce effleure sa joue, pour retirer cette larme qui perle le long de sa peau rougie. « Est-ce que tu veux que je reste ce soir ? » Il marque une pause. « Pour m’occuper des enfants ? » Seulement pour les enfants…
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Mar 16 Jan - 21:26
Ton enfance, c'est comme un vieux vinyle en boucle sur une mélodie mélancolique que tu peines à ignorer. Les souvenirs sont là, encrée en toi, impossible de les oublier. Ton père a fuit le champ de bataille dès qu’il en a eu l’occasion. La notion même de stabilité semblait l'ennuyer à mourir, alors il a choisi de s’en aller. Ta mère, de son côté, s’est abonnée à l'immaturité à vie et à la déconnexion totale de la réalité. Tes parents n'avaient pas vraiment l’étoffes requises pour en être. Toi et Sören étiez là, comme deux malheureux dérapages arrivés dans un monde qui ne vous attendait pas. Et pourtant, malgré tout, tu as tenté de jouer le rôle d'enfant modèle. Tu marchais sur des œufs mais tu t'efforçais de montrer que tu pouvais te contenter de miettes. Et puis tu as fini par comprendre à tes dépends que ça ne servait à rien le jour où, l'âge où les goûters au Nutella sont la quintessence du bonheur ils n’ont pas été foutu de se déplacer pour cette représentation à l'école. Les projecteurs se sont allumés, et tu as donné le meilleur de toi persuadé qu’ils étaient là jusqu’à que tes yeux tombent sur les chaises vides qui leur était réservées. C'était comme si une main glaciale t'avait arraché le cœur. Ils n'avaient jamais fait d'effort, pas même ce jour-là. La débrouillardise est devenue ta seule alliée. Dans l’histoire c’est toi qui est devenue adulte avant l’heure. T’as pris Sören sous ton aile parce que lui non plus n’avait rien demandé à personne. Avec lui à tes côtés, tu avais la sensation d’être tous les deux contre le reste du monde. Ses grand yeux bleus et innocents reflétaient la même lueur de tristesse que les tiens. Vous avez forgé une alliance invisible à partir de vos cicatrices. « A son âge, j’avais déjà vu bien pire. » ses mots font écho à ton propre passé. Tu ignores beaucoup de choses sur la vie de Casey et pourtant tu peux sentir dans ses silences qu'il y a quelque chose de plus profond qui réside en lui. Une douleur qui dépasse les mots. Tu as développé un sixième sens pour détecter les traces d'un autre enfant blessé, même lorsque les détails restent cachés. « Plus sérieusement, je pourrais les emmener au parc ou au zoo ou je ne sais où, où les gosses ont envie d’aller, peu importe. » Tu sens que tu n'es pas encore tout à fait prête à laisser tes enfants partir avec Casey. Ce n'est pas une question de confiance envers lui, mais plutôt un sentiment persistant de protection qui plane depuis la mort de leur père. Tu ressens le besoin viscéral de les garder près de toi comme leur ange gardien. Sans même que t’ais à formuler tes craintes, il perçoit tes émotions intérieures comme s'il pouvait lire dans tes pensées. « Après, tu peux aussi venir si tu ne me fais pas confiance. » Il comprend, sans même que tu aies besoin de l'expliquer. Cependant, malgré cette compréhension, ton comportement vis à vis de lui reste teinté d’aigreur. « Trop tard… » qui s'échappe de tes lèvres comme un soupir résigné. Mécanisme de défense que tu n'arrives pas tout à fait à contrôler, le seul moyen que tu as trouvé de te protéger de tout ce qu’il provoque en toi. Ce comportement est devenu une seconde nature, une réponse préventive pour te prémunir de tout ce qu’il anime en toi. Et pourtant la seconde qui suis tu te blottis contre lui. Ses bras s'enroulent autour de toi, t'entourant d'une étreinte. Il sait qu’il n'y a pas de mots pour apaiser la douleur qui brûle à l'intérieur de toi depuis deux ans déjà. Alors il se contente d’être là, comme il l’a promis et cela même quand tu le rejettes. « A moi aussi il me manque, tu sais », murmure-t-il doucement. Ses paroles résonnent dans l'air comme une brise légère. Ses doigts effleurent ta joue, il t’apaise momentanément. Tu te sens bien. « Est-ce que tu veux que je reste ce soir ?... Pour m’occuper des enfants ? » C'est une proposition simple, mais elle porte en elle une signification bien plus profonde. Ton cœur s'emballe, un battement irrégulier qui percute tes pensées. Tu ressens le poids de tes émotions refoulées, une opportunité de baisser la garde. Tu croises son regard et y décèles cette douceur qui te surprend. Ton instinct de protection est toujours là. C'est comme une alarme dans ta tête qui sonne dès qu'il s'approche trop près. T'as envie de l'envoyer valser, de le repousser encore et encore pour garder cette distance de sécurité. « Ils dorment chez une amie. » T'as sorti ça, histoire de piquer un peu plus parce qu’elle, tu lui fais confiance pour lui laisser tes enfants.. Pourtant, doucement tu laisses ton armure se fissurer. Ton regard se plante dans le sien. Tu laisses cette petite vulnérabilité se faufiler à travers les fêlures juste pour voir jusqu'où ça pourrait aller. Tes doigts viennent chercher dangereusement les siens. Et puis Tout devient flou, les contours s'estompent, et t'es là, à la merci de tes pulsions. Tes émotions vacillent. T'as plus la force de retenir quoi que ce soit. Tes lèvres compressent aussitôt les siennes, tandis que tu viens le plaquer contre le mur laissant tes émotions s'exprimer de manière brute. « On ne devrait pas ! » Ta conscience te hurle que c'est une très mauvaise idée. Tu le sais, il le sait, vous le savez mais… t’es incapable de résister plus longtemps à ce désir qui te brule de l'intérieur. « On ne devrait pas… » Tu répètes ces mots, mais ils sonnent creux à mesure que tu viens tirer sur ses vêtements. Tu as perdu toute capacité de lutter contre cette attraction qui fout tout tes sens en ébullition. Tes gestes deviennent plus pressants, plus intenses. « On ne devrait pas… » Tes mots deviennent des murmures étouffés par le feu de l’action. Même si tu le voulais, tu ne pourrais pas t'arrêter maintenant…
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Mar 16 Jan - 21:26
casey

Adriana et Casey, c’est l’histoire d’un acte manqué. La foudre les avait pourtant frappé, il y a huit ans de cela. Alors qu’il s’apprêtait à épouser celle qui était aujourd’hui sa femme, Livia. Malgré le fait que ce moment n’avait jamais été abordé, il s’en souvenait. Comme d’hier. Il était rentré dans cet établissement, un large sourire aux lèvres, avec l’ensemble de ses amis, prêts à fêter dignement son dernier jour avant de devenir un homme marié. Il était heureux à ce moment-là. Il rentrait dans le moule. Tout ce qu’il n’avait jamais été. Un homme comme les autres. Un homme normal. Malgré le fait qu’il ait toujours affirmé se foutre ouvertement du regard des autres, il était fatigué d’être vu comme un paria, parce qu’il était constamment en colère, parce que son père n’était pas fréquentable ou qu’il n’avait pas suffisamment d’argent pour porter les derniers vêtements à la mode. Aujourd’hui, il ressemblait à n’importe quelle autre personne et quelque part, ça lui plaisait. Et pourtant. Il avait croisé son regard et quelque chose d’étrange s’était passé en lui. Quelque chose qu’il n’avait jamais vraiment ressenti. Tel un coup de poignard en plein cœur, ça l’avait frappé. La foudre. Ce regard. Ce sourire. Cette capacité à rétorquer à la moindre attaque. Il l’avait ignoré. Cette foudre. Pour qu’elle se dissipe. Elle avait fini par s’atténuer. Au fur et à mesure. Malgré le fait qu’Adriana était constamment dans les parages. Malgré le fait que pendant toutes ces années, il ait été obligé de la fréquenter dans les bras d’un autre. Son meilleur ami. Il n’y avait rien. Absolument rien, s’était-il répété à mesure que son mariage battait de l’aile. Elle appartient à Aaron, se disait-il, quand la vérité était qu’elle n’appartenait à personne. Femme indépendante, elle avait au fil du temps creusé sa place dans son cœur. Saleté de cœur. Puis les choses avaient dérapé, après des années de retenue. Tout avait pris une tournure des plus dramatiques. Envolées les frustrations, envolées les barrières. Puis plus rien. Jusqu’à aujourd’hui. Comme à l’accoutumer, ils s’étaient lancés des attaques en tout genre, gratuites pour la plupart. Parce que c’était le jeu qu’ils aimaient jouer pour ne pas regarder la vérité en face. Cela durait depuis toujours. Même lorsqu’il essayait de l’aider, même lorsqu’elle baissait sa garde, même lorsqu’il essaie de garantir cette promesse inatteignable. Elle se vexe lorsqu’il lui propose de l’apaiser en gardant les enfants. Il n’était pas rare autrefois qu’il s’en occupe. Aujourd’hui, la confiance semblait s’être envolée. Il ne sait pas toujours comment s’y prendre avec elle. Enfin, il ne sait plus. Autrefois, il n’avait pas besoin de prendre autant de pincettes. Aujourd’hui, la culpabilité le rongeait bien trop et la maladresse s’était emparée de la moindre de ses propositions. Il ne savait plus vraiment comment agir. Perdu dans ses pensées, il y est extirpé lorsqu’elle vient vers lui, se blottissant contre lui, comme elle ne l’avait jamais fait. Geste auparavant interdit, elle baissait sa garde. Il ne peut faire autrement que d’en faire autant. Elle avait capturé son empathie. Fait rare. Il ne l’était pas vraiment d’ordinaire. Mais avec elle, tout était différent. Tout avait toujours été différent. Il la rassure comme il peut. Il s’ouvre à elle sans même s’en apercevoir, énonçant ses pensées les plus profondes. Il lui manquait. Terriblement. Aaron. Ceci même s’il avait été un piètre ami. Il la console et cherche de nouveau à l’aider, se rendant même pas compte de l’ambiguïté de sa proposition de rester pour la nuit. Son idée était celle de l’aider à s’occuper des enfants. Mais elle s’évanouit rapidement… Trop rapidement… Faiblesse devant cette âme blessée. Pourtant ses intentions sont bonnes. Douceur qu’elle n’a pas l’habitude de voir, il ne cherche qu’à panser ses plaies, temporairement. « Ils dorment chez une amie. » Il fronce un instant les sourcils. Il comprend rapidement qu’elle préfère confier ses enfants à ses amies plutôt qu’à lui. Cela touche un instant à son égo. La confiance n’était qu’un lointain mirage. Peut-être n’avait-elle existé qu’à travers Aaron. Peu importe. Il hausse les épaules, ce n’est pas le moment de rentrer dans une nouvelle dispute inutile. Tant pis. « Ah. Bon et bien, je vais … rentrer. Tu sais où me trouver si besoin. Bien que je sache que tu n’auras pas besoin. » Il était celui qu’elle n’appelait pas. Il l’avait compris. Il devait rentrer chez lui. Partir. Loin de ce qui profilait à l’horizon. Pourtant, lorsqu’elle capture son regard, il en est incapable. Stabilisée, il reste statique devant elle, comme hypnotisé. Son regard le transperce. Elle parait si vulnérable. Si fragile. Il a envie de la rassurer. De la prendre de nouveau dans ses bras, lui assurant que tout irait bien. Mais ce n’est pas ce qu’il fait. Il maintient cette distance entre eux. Pour l’instant. Mais le contact de sa peau contre la sienne fait voler en éclats ses bonnes résolutions. Elle est le maître de cette situation des plus dangereuses. Ses doigts capturent ceux de Casey, s’entremêlent. Il ne bouge pas, comme captif d’une envie qui le dévore. Les battements de son cœur s’accélèrent. C’est mal. Terriblement mal. La chaleur inonde son être pourtant ces derniers temps froid. Il sent son souffle court se heurter violemment contre sa peau. Sa poitrine brûle. Pourquoi ? Pourquoi cette attirance inonde son corps de la sorte ? Pourquoi ne parvient-il pas à résister à cette attraction alarmante ? Elle capture ses lèvres. C’est trop tard. Il n’arrive pas à résister. Il essaie pourtant. Il la laisse mener la danse un moment, se contentant de s’amuser avec ses lèvres dont le goût l’enivre. « On ne devrait pas ! » Non ils ne devraient pas. Nouvelle trahison envers Aaron, cet être pourtant si pur. Il ne méritait pas cela. Mais c’était si difficile de résister. « On ne devrait pas oui … » Il répète ses propres mots, pour signifier son accord. Et pourtant, il est celui qui presse sa main contre son dos pour que leurs corps se collent, brûlent l’un contre l’autre, incendiant totalement leurs êtres. « On ne devrait pas… » Cette fois, il ne l’écoute pas. Cette fois, il se laisse emporter par cette fougue, cette envie qui le consume. C’était interdit, mais tellement vivifiant. L’intensité grandit à mesure que leurs vêtements tombent. Il joue avec ses lèvres, joue avec chacun des espaces de ce corps qui se dénude. Comme galvanisé par cette intensité qui le dévore, il en oublie tout le reste. « On ne devrait pas… » ça résonne en lui. Comme un vieux disque rayé. Ils ne devraient pas. D’un coup, alors que ses doigts effleurent l’objet défendu, il s’arrête net. Il se pétrifie, comme prenant conscience de ce qu’il faisait. Le visage d’Aaron apparait dans son esprit. La nausée s’empreigne de son corps, de son estomac qui remue plus qu’il ne l’aurait cru. Ils sont pourtant presque nus, l’un devant l’autre et tout prend fin de manière abrupte. « Non non non. On ne peut pas. Je ne peux pas. Je … » Aaron est là. Il ne quitte plus son esprit. Saleté d’esprit rongé par la culpabilité. « Je … Je dois rentrer… euh… Livia m’attends. » Il est troublé et dit n’importe quoi. Livia ne l’attend pas. Livia travaille. Livia vit sa vie quand il vit la sienne. Et pourtant il se raccroche à elle pour s’extirper de cette situation qui le dépasse complètement. Il attrape ses vêtements, se rhabille rapidement et fuit. Il fuit loin. Très loin…
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